Pendant des années, l’ERP a été pensé comme le « système unique » couvrant tous les besoins. La réalité 2025 est différente : les entreprises gagnent en agilité en connectant leur ERP à un écosystème de solutions spécialisées (CRM, WMS, e-commerce, MES, TMS, PLM, HCM, outils IA, etc.).
L’objectif n’est plus de tout faire dans l’ERP, mais de faire mieux ensemble : chaque brique couvre son périmètre d’excellence, l’ERP restant le socle transactionnel et référentiel.
Pourquoi connecter plutôt que remplacer ?
De notre avis, les raisons principales pour choisir de garder son ERP et de le connecter plutôt que de le remplacer sont aux nombres de cinq.
- Time-to-value plus rapide : intégrer un module expert (par ex. gestion d’entrepôt avancée) apporte de la valeur en semaines plutôt qu’un remplacement ERP en 12–24 mois
- Réduction des risques : on évite le « big bang » et on sécurise la continuité opérationnelle
- Meilleur TCO : On conserve les processus stabilisés dans l’ERP et on n’investit que là où le ROI est clair
- Innovation continue : l’écosystème permet d’ajouter IA, automatisations, copilotage analytique sans immobiliser le cœur ERP
- Alignement métier : chaque équipe exploite l’outil le plus adapté (ex. e-commerce headless, pricing dynamique, planification IA), tout en gardant une source de vérité pour les données maîtres
Alors concrètement, quand vaut t’il mieux étendre et quand vaut t’il mieux remplacer son ERP ?
Étendre par intégration est la solution la plus logique lorsque le core model ERP est sain (plans de comptes, nomenclatures, unités, calendriers), que les irritants sont circonscrits (ex. allocation multi-canal, slotting entrepôt, tarification avancée) et les volumétries et latences sont gérables en temps réel/near-real-time.
Par contre, si le modèle de données est inexploitable ou trop customisé, si des contraintes réglementaires majeures imposent une refonte, si l’éditeur n’est plus supporté ou la roadmap est incompatible avec vos objectifs (Cloud, IA, scalabilité), alors dans ces cas çi, un changement d’ERP semble être la meilleur solution.
Quel rôle pour l’ERP dans cet écosystème ?
Dans ce contexte, L’ERP ne prend plus en charge l’ensemble des fonctionnalités et des flux, mais devient le cœur d’un ecosystème construit dans une optique d’agilité et d’efficience. Il est le référentiel en matière de données (clients, articles, fournisseurs, nomenclatures, plans de comptes) et reste le Cœur transactionnel (commandes, achats, stock, production, finance) de l’ensemble. Il reste le garant des règles globales (incoterms, fiscalité, dimensions analytiques), et de la conformité (traçabilité, séparation des tâches, clôtures, auditabilité).
Une architecture de référence type peut par exemple prendre la forme suivante :
- L’ERP (ex. Infor CloudSuite) comme noyau, est au centre de l’architecture.
- Bus d’événements / messages (event streaming) pour diffuser en temps réel : création commande, changement de stock, statut de livraison.
- iPaaS / ESB pour transformations, mappages, surveillance et reprise (ex. mappings EDI, orchestration multi-étapes).
- API Management pour sécuriser l’accès, versionner et gouverner les flux.
- Data platform (Datalake) pour la BI, l’IA et la donnée historisée.
- Outils spécialisés (CRM, WMS, TMS, e-commerce, MES, PLM) branchés via API, BOD, EDI selon les cas d’usage.
Voici un exemple d’architecture classique autour de L’ERP CloudSuite d’INFOR M3:
- ERP Infor CloudSuite
- WMS slotting et vagues de préparation, alimente l’ERP par événements d’exécution
- CRM pipe commercial et campagnes, synchronise comptes et conditions avec l’ERP via API
- E-commerce prix/disponibilités en temps réel, pousse les commandes via BOD.
- Data platform + BI/IA ventes, supply et finance pour prévisions de demande et analyses marge.
Méthodologie et Mise en œuvre
Pour qu’un projet réussisse et soit on time/on budget, celui ci doit être encadré et piloté à l’aide d’une méthodologie rigoureuse et éprouvée. Le déroulé typique d’un projet peut se résumer ainsi :
- Cartographier processus & applications (AS-IS) : qui détient quoi, quelles interfaces, quelles latences.
- Cibler les « quick wins » à fort ROI (ex. disponibilité stock temps réel sur e-commerce, prévisions IA pour S&OP).
- Définir le modèle cible : rôle de l’ERP, référentiels, patterns d’intégration, sécurité.
- Industrialiser : iPaaS, portail d’API, normes de nommage, contrôle qualité, observabilité.
- Piloter la transition par incréments : éviter le big bang.
- Former & accompagner : équipes IT et métiers (data literacy, ownership).
- Mesurer & itérer : bénéficier des retours d’usage pour prioriser le prochain incrément.
Si vous n’avez pas les compétences en interne, assurez vous de vous faire accompagner par un partenaire ayant l’habitude de ce genre de projet et pouvant vous présenter sa méthode avec des témoignages de clients satisfait à l’appui.
Points importants à surveiller
Voici deux sujets à ne pas sous-estimer dans le cadre d’un projet d’extension par intégration. Le premier est la gouvernance de la donnée. Les points suivants seront à traiter avec la plus haute attention :
- Données maîtres (MDM) : Quelle système est en charge de la donnée (ERP ou application spécialisée ?) Qui crée et modifie ? comment est géré son cycle de vie ?)
- Qualité des données : dictionnaire, règles (unicité, complétude), contrôles automatiques, scoring qualité.
- Traçabilité : journaux d’intégration, corrélation d’ID, horodatage, lineage pour BI/IA
- Sécurité & conformité : RBAC/ABAC sur API, chiffrement en transit/au repos, conservation, RGPD (base légale, minimisation, droits)
Le deuxième est la gestion des indicateurs pour le pilotage opérationnel, essentiel pour s’assurer de la performance et de la viabilité de l’écosystème :
- Disponibilité et latence des flux par interface.
- Taux d’échec et temps moyen de reprise (MTTR) sur l’iPaaS.
- Qualité des données : taux de doublons, champs critiques manquants
- Impacts métier : réduction des ruptures stock, fiabilité promesse client (OTIF), DSO, rotation stock.
En conclusions, Passer d’un ERP « monolithe » à un écosystème cohérent permet de capturer de la valeur plus vite, avec moins de risques et plus d’innovations.
Le mot d’ordre : connecter intelligemment, gouverner la donnée, et incrémenter par ROI.